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    La solitude du mammouth de Geneviève Damas

    Une pièce écrite et interprétée par Geneviève Damas. Mise en scène d’Emmanuel Dekoninck. La solitude du mammouth se joue au théâtre des Martyrs du 05 au 23 décembre 2017.

    Bérénice, « Béré » pour les intimes, « minou » pour son mari, a la petite quarantaine. Elle est mariée à Brice, professeur d’université, obsédé par le destin flamboyant d’Ambiorix. Elle est bourgeoise, professeur de français, mère de deux enfants : Rufus et Paëlla. Les époux possèdent une maison cosy, rangée, classique. Tout bascule le jour où Brice lui annonce qu’il ne l’aime plus, qu’il en aime une autre de quinze ans sa cadette. Bérénice la connait, elle a été leur baby-sitter un soir. Mélanie est encore étudiante, a une poitrine généreuse et des jambes interminables. Brice se sent de nouveau vivre, il espère que « minou » le comprend et qu’elle ne sera pas trop en colère contre lui. La terre tremble, le sol s’effondre, Bérénice sent que la terre tente de l’engloutir.

    La solitude du mammouth est une pièce caustique sur la vengeance d’une femme blessée. Un portrait que l’on pourrait considérer comme caricatural d’une « housewife » bourgeoise mise au rebus par son époux en pleine crise de la quarantaine. Et pourtant, au fil du récit, on arrive à se dégager des stéréotypes de la femme délaissée et de l’époux aux prises avec le démon de midi. Son mari parti pour une autre, Bérénice perd ses repères, ses ambitions, ses rêves. Face à l’absence totale de sens dans sa vie, la destruction de l’autre va devenir sa nouvelle ambition.

    Un tourbillon où se mêlent incompréhension, trahison, solitude et abandon. Bérénice, dans une victimisation à outrance, va se révéler d’une cruauté inimaginable. Elle devient l’instrument d’un châtiment divin. Elle, victime, se transforme en bourreau. Lui, si orgueilleux, si égoïste, si suffisant, allait payer. Il devait payer….

    Dans un décor champêtre, Geneviève Damas commence « piano » pour finir « forte ». Le plaisir du spectateur augmente au fur et à mesure que le décor est planté et que le fil du récit gagne en variation dramatique. Une mise en scène comme un fil tendu entre le rire et le tragique. Des situations rocambolesques côtoient des scènes d’une pure vérité.

     «  Il n’y pas de loi pour punir ce que tu m’as fait (…) Il n’y pas de loi pour condamner la consommation d’êtres humains. »

    La solitude du mammouth nous conte l’histoire d’une vengeance. Amusante à plus d’un titre. Mais nous montre également que la destruction de l’autre amène automatiquement à une destruction de soi et de ses propres valeurs morales et éthiques. Jusqu’où serions-nous prêts à aller pour réparer une injustice dont nous nous sentons victimes ? Où commence la justice et où commence l’injustice ?

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