Quelques Minutes Après Minuit
de Juan Antonio Bayona
Fantastique, Drame
Avec Lewis MacDougall, Sigourney Weaver, Felicity Jones
Sorti le 4 janvier 2016
Angleterre de nos jours, Conor (Lewis MacDougall), un jeune garçon un peu triste, utilise le dessin et son imagination pour échapper à son quotidien mélancolique entre sa mère malade (Felicity Jones) et ses camarades qui l’humilient quotidiennement. Un soir, un arbre prend vie et le retrouve pour lui raconter trois histoires…
Au vu de l’affiche, on s’attendrait à un univers proche de celui de Guillermo del Toro et du Labyrinthe de Pan, on pense aussi à Big Fish de Tim Burton. Pour ce qui est de la partie onirique, on en est pas très loin. L’univers est noir et emprunt de paganisme. Le fait d’impliquer le dessin est aussi intelligemment amené et justifie la réalisation très léchée de ces scènes-là. Le choix du dessin-animé en aquarelle est plutôt juste mais donne une impression de déjà-vu. En effet, les dessins, les histoires, tout nous rappelle le conte des trois sorciers dans Harry Potter et les reliques de la mort.
Mais dès le début du film on se retrouve dans une ambiance beaucoup plus réaliste, proche d’un Ken Loach. L’histoire de ce petit garçon dans un environnement tout britannique ne laisse pas beaucoup de place à l’espoir. Il vit seul avec sa mère, malade, et refuse de la quitter pour rejoindre sa grand-mère (Sigourney Weaver).
C’est sur ce postulat de départ pathétique qu’arrive la partie fantastique du récit. On pense alors que cela va permettre à Conor – et donc au spectateur – d’aborder ses problèmes d’une manière plus ludique et que l’auteur va nous embarquer dans un conte fantastique comme L’histoire sans fin. Le personnage de ce petit garçon triste n’est pas sans nous rappeler Sébastien qui fuit vers Fantasia pour parvenir à résoudre des angoisses similaires. L’arbre vient de manière fulgurante, écrasant tout sur son passage. Millénaire et sage, il vient pour raconter des histoires. On s’attend alors un voyage à travers un monde de fées, de rois et de princesses. Mais on est déçu de se retrouver finalement dans des paraboles dont on ne comprend pas tout le sens, qui ne titillent pas pour autant notre imagination et nous paraissent même parfois futiles.
Au fur et à mesure du film, la partie réaliste prend le pas sur les incursions du géant et on en arrive à espérer qu’il finisse enfin ses trois histoires pour pouvoir sortir de ce récit triste et langoureux. L’histoire n’évolue pas vraiment et l’arrivée du dernier conte apparaît comme une délivrance qui pourtant ne semble rien résoudre.
Quelques Minutes Après Minuit est long, bien réalisé mais ne satisfait pas à l’ambition que l’on peut attendre d’un conte fantastique. Il ne révolutionne certainement pas le genre et on a du mal à déterminer à qui il s’adresse. L’histoire est lente, pathétique, presque trop d’ailleurs, sans parvenir à nous délivrer de cette mélancolie. À réserver plus aux fans des frères Dardenne qu’à ceux de Tim Burton dans un film que l’on pourrait sous-titrer : « Le gamin au bouleau ».