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    Tu ne tueras point, ou la violence de la foi

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    Tu ne tueras point

    de Mel Gibson

    Guerre, Biopic

    Avec Andrew Garfield, Sam Worthington, Vince Vaughn

    Sorti le 09 novembre 2016

    Lors de la Seconde Guerre mondiale, le jeune Desmond Doss décide de s’enrôler dans l’armée, par solidarité avec ceux partis sur le front. En raison de ses croyances religieuses, il refusera cependant d’apprendre à se servir des armes mises à disposition, préférant briguer un poste d’infirmier militaire qui lui permettrait de sauver des vies plutôt que d’en prendre.

    Scindé en deux parties distinctes, Tu ne tueras point peut, dans sa première moitié, paraître simple, pour ne pas dire simpliste, dans sa construction linéaire et thématique. Néanmoins, le procédé a le mérite de souligner le contraste entre l’innocence d’un héros fidèle à ses convictions et un entourage marqué par la réalité de la guerre.

    L’ensemble du long-métrage est imprégné par cette idée. Pour exemple, il suffit de prendre l’acheminement des nouveaux soldats vers le champ de bataille. Avant d’être confrontés à l’horreur des combats à Okinawa, ils sont témoins des résultats physiques du conflit sur les autres recrues, en croisant ceux qu’ils viennent remplacer, réduits à un tas de visages mutilés et de cadavres. De là résulte une progression dramatique efficace et l’on en vient à rapidement se demander si l’idéologie du personnage principal pourra survivre aux affrontements qui vont suivre. La question se fait de plus en plus légitime au sein même des combats, car Mel Gibson y déchaîne les enfers.

    Que ceux qui pensaient que son exil hollywoodien forcé aurait comme premier effet de l’assagir se rassurent, nous sommes bien en présence du réalisateur d’Apocalypto et il n’a rien perdu de son sens de la mise en scène de la violence dans ce qu’elle a de plus âpre. Peuplée d’images cruelles, mais également remarquablement chorégraphiées, la seconde partie du film se révèle impressionnante et viscérale à plus d’un titre.

    Ce qui ne diminue pas pour autant le message humaniste du film. Si l’on voit certains Japonais commettre des actes violents, les Américains ne sont pas pour autant en reste. Cela est pleinement exposé dès le début du long-métrage, qui montre la souffrance et la mort de soldats américains et japonais, sans autre distinction que l’uniforme, renvoyant tout un chacun à l’état de chair à canon.

    Au milieu du chaos généralisé, la sincérité de Desmond Doss apporte une faible lueur d’espoir, soulignée par un aspect religieux sans doute trop appuyé, mais toutefois intimement liée à l’histoire qui nous est contée, soit celle d’une foi entourée de violences. Celles, physiques et psychologiques, que le héros subit au début du film à cause de ses convictions religieuses, puis celles des champs de batailles, qui auront également leur rôle à jouer sur sa manière de penser.

    En s’inspirant de l’histoire vraie du premier objecteur de conscience à avoir obtenu la Medal of honor, soit la plus haute distinction militaire, Mel Gibson réussit donc son retour derrière la caméra et confirme qu’il n’a rien perdu de son style. Il ne reste plus qu’à espérer qu’il s’écoulera moins de 10 ans avant de voir son prochain projet voir le jour.

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