De Koffi Kwahulé, mise en scène d’Isabelle Pousseur, avec Urbain Guiguemde, Safoura Kaboré, Hypolitte Kanga, Anatole Koama, Halimata Nikiema, Yanaé Minoungou
Du 17 au 28 février 2015 à 20h30 au Théâtre Océan Nord
Shaïne a quitté le pays depuis bien longtemps. Vingt ans. Elle a laissé derrière elle sa vie et sa famille : son père que l’on a à présent mis en terre, son petit frère qui a changé de prénom et sa sœur qui a épousé son ancien amant. Shaïne est revenue au pays en claudiquant. Elle traîne sa valise sur le chemin en soulevant la poussière. Cette poussière est celle de Ouagadougou ; en préparation du festival Récréâtrales qui a eu lieu en 2014 au Burkina Faso, toute l’équipe de cette création originale a joué en rue, dans la ville, dans la cour d‘une maison, au milieu des familles. Au départ du projet, une commande faite par la metteuse en scène Isabelle Pousseur à l’écrivain ivoirien Koffi Kwahulé. Le résultat final est bluffant, percutant et les mots qui résonnent ont toute légitimité à exprimer le ballet des sentiments. Entre histoire de famille et impact de la globalisation, l’auteur nous livre un texte magnifique dont la consistance fait valser les images. Car Shaïne veut revoir sa maison et se recueillir sur la tombe de son père. Mais la maison a disparu, emportée par les bulldozers qui ont construit la route commandée par les chinois. Et trois fois elle croise le chemin de Zein’ke, sa sœur et trois fois celle-ci l’évite sans lui dire où est enterré leur père.
Dans le cadre dénudé du Théâtre Océan Nord, dans ce grand hangar au sol duquel on a déposé de la terre qu’un vieux gardien balaie non sans peine, le terrain est favorable à la mise en scène cinématographique que propose Isabelle Pousseur. Et c’est une réussite que ces tableaux qui s’enchaînent et vous transportent dans la réalité de ces secrets auxquels l’humain cède. Entre enquête et poésie, L’Odeur des arbres est un spectacle d’une esthétique remarquable dans lequel le jeu des acteurs vous plonge dans une intensité rare où l’émotion s’agglutine pour mieux éclater en répandant la poussière.