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    L’Homme qui tua Don Quichotte, autopsie d’un film maudit

    L’Homme qui tua Don Quichotte

    de Terry Gilliam

    Aventure, Fantastique, Drame

    Avec Adam Driver, Jonathan Pryce, Olga Kurylenko, Joana Ribeiro

    Sorti le 25 juillet 2018

    L’Homme qui tua Don Quichotte relate les péripéties de Toby, un jeune réalisateur talentueux et sûr de lui, qui se retrouve par hasard dans le village où il avait tourné son film de jeunesse, une adaptation de Don Quichotte de Cervantès. Très vite, il réalise les dégâts causés par ce film, notamment la folie dans laquelle a sombré Javier, le vieux cordonnier du village, convaincu d’être Don Quichotte. Malheureusement pour Toby, les problèmes ne s’arrêtent pas là…

    Dans le rôle de Toby, Adam Driver nous livre une performance plutôt réussie bien que légèrement monotone du réalisateur prodige imbu de lui-même, qui se retrouve confronté aux conséquences désastreuses que son film de fin d’études a eues sur un village entier. Ce personnage prétentieux dont on aime se moquer au début va connaître un revirement de situation qui changera de manière assez intéressante notre point de vue et nos sentiments à son égard. Quant à Javier/Don Quichotte, interprété par un Jonathan Pryce étonnant en vieil Espagnol à moitié fou, on éprouve dès le début une immense compassion pour ce pauvre hère dont le ridicule ne fait que souligner la triste condition dans laquelle il est tombé. Ce duo quelque peu atypique fonctionne plutôt bien malgré certaines faiblesses, et c’est tant mieux lorsque l’on sait combien de fois il a dû être remanié.

    En effet, que l’on suive de près l’actualité cinématographique ou non, il est impossible de ne jamais avoir entendu parler des lourdes épreuves qu’a traversées Terry Gilliam pendant plus de 25 ans pour parvenir à réaliser son projet d’adaptation de l’œuvre de Cervantès. Au-delà du jugement que chacun pourra porter sur le résultat de ce véritable calvaire, force est de constater que l’ancien membre des Monty Python a eu le mérite de ne pas lâcher le morceau. Mais cette détermination sans faille suffit-elle à garantir la réussite d’une telle entreprise ?

    S’il fallait mesurer la qualité de ce film par rapport au nombre d’années qui auront été nécessaires pour le réaliser, la déception serait assez amère. Mais considéré tel quel, L’Homme qui tua Don Quichotte n’a pas forcément tué tous nos espoirs. Bien qu’inégal à de nombreux points de vue, suite à un humour parfois trop lourd ou un emberlificotement de l’histoire, il est loin de refléter les difficultés rencontrées par son créateur. Au contraire, celui-ci s’amuse même à insérer dans son film de nombreux clins d’œil à sa propre situation, créant ainsi une mise en abyme de la réalité dans la fiction. À moins que ce ne soit l’inverse ? Terry s’est-il projeté dans le personnage de Toby, un réalisateur rencontrant des problèmes pour terminer le tournage d’une publicité, ou la fiction a-t-elle rattrapé la réalité ? Une chose est sûre, dans l’œuvre de Gilliam, le spectateur est plongé dans une confusion totale, ne sachant plus reconnaître le pourquoi du comment. En effet, un réalisateur ayant rencontré des obstacles pour son film sur un cinéaste qui éprouve des difficultés lors de son tournage, ça a de quoi en embrouiller plus d’un…

    Julie Vermandele
    Julie Vermandele
    Journaliste du Suricate Magazine

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