Lady Bird
de Greta Gerwig
Comédie dramatique
Avec Saoirse Ronan, Laurie Metcalf, Tracy Letts
Sorti le 4 avril 2018
Lady Bird, c’est un envol. Bien sûr, puisque c’est le nom, témoin d’une volonté d’émancipation et d’un besoin de reconnaissance, que se choisit l’adolescente héroïne Christine McPherson (Saoirse Ronan). Mais, en coulisse, c’est aussi l’envol d’une jeune réalisatrice, connue pour ses talents de danseuse et de comédienne qui, pour la première fois, passe seule derrière la caméra. Et en s’inspirant de sa propre expérience – rien ne s’est réellement passé, mais tout est vrai – Greta Gerwig ne se met pas seule à nu, puisque se dévoile à ses côtés l’ado moyen mal dans sa peau, en proie aux affres du troisième millénaire.
Lady Bird ne se donne pas l’ambition de l’originalité thématique. Bien au contraire, Greta Gerwig n’hésite pas à reprendre les principes de base intemporels et inévitables du genre : une première expérience sexuelle trop décevante, un beau gosse ténébreux – interprété par la nouvelle coqueluche des jeunes Timothée Chalamet -, une meilleure amie impopulaire mais loyale, un lycée has-been et surtout, le classique du classique, un bal de promo qui rappelle que même si la vie est ingrate quand on a 17 ans, certains moments valent le coup d’être vécus.
Pourtant, Lady Bird est acclamé par la critique. Et ce n’est pas surprenant, toute la singularité de ce film réside dans sa manière novatrice de traiter d’un sujet pourtant tellement vu et revu. C’est sur un ton humoristique un brin cynique, que Greta Gerwig centre tout son propos sur la relation mère-fille – autant dire que ça ne manque pas d’œstrogène. Et si Christine « LadyBird » Mc Pherson trouve sa mère un peu trop vache, c’est parce qu’elle ne voit pas que derrière l’autorité se cache un amour sans limite. En parallèle, la jeune rebelle – les cheveux roses et le look un peu décalé – rêve de mener une vie d’artiste au cœur de New York loin de sa Californie natale. Et ce n’est pas seul son amour pour le théâtre qui la pousse vers de nouveaux horizons, mais c’est aussi l’amertume que lui inspire Sacramento qui, en tant que lieu d’origine, symbolise un peu la relation compliquée qu’elle partage avec sa mère.
C’est aussi en mettant un point d’honneur à travailler ses caractères que Greta Gerwig parvient à se défaire des clichés du teenage movie. Si Christine est elle-même déjà relativement plus intéressante que l’éternelle gentille et jolie adolescente un peu mal dans sa peau – bien que finalement chez Christine précisément ce ne soit pas tant l’originalité du personnage que la manière dont elle est interprétée par Saoirse qui est reconnue -, certains personnages secondaires ajoutent vraiment une touche de légèreté inattendue mais très appréciable. Que ce soit la nonne compatissante qui tient les rênes de l’institution scolaire religieuse de Christine ou encore le frère punk vegan, tous les personnages ont de l’importance et c’est d’ailleurs grâce à ces étranges individualités que se créent les situations les plus cocasses.
Finalement, s’il aurait été possible d’aller un cran plus loin en se distanciant carrément des sempiternelles prom-nights un peu indigestes, il y a quand même un réel effort dans Lady Bird de réinventer le teen movie. Mais il n’en reste pas moins qu’il faut déjà un peu apprécier le genre que pour trouver le film agréable.