Jurassic World
de Colin Trevorrow
Science-Fiction
Avec Chris Pratt, B.D. Wong, Bryce Dallas Howard, Vincent d’Onofrio, etc.
Sorti le 10 juin 2015
Les portes de la salle s’ouvrent. Nous nous y engouffrons tels le Dr. Alan Grant et le professeur Ian Malcolm franchissant pour la première fois les portes du « Jurassic Park » en 1993 : sans savoir ce qu’il nous y attend vraiment.
Les nombreuses bandes annonces, rumeurs et autres teasers nous font alterner depuis plusieurs semaines entre euphorie et craintes – un dinosaure génétiquement modifié, sérieusement ? Il est donc temps de connaître le verdict !
4ème opus de la série, plus de 20 ans après les premiers pas des dinosaures de Spielberg sur grand écran, Jurassic World est largement attendu au tournant. Et aucune erreur ne sera tolérée, surtout au vu des 2 suites – Le Monde Perdu et Jurassic Park 3 – à la qualité decrescendo.
Et Colin Trevorrow, le réalisateur, semble avoir compris les enjeux, évinçant littéralement les événements des épisodes 2 et 3. Jurassic World est donc bien une suite « directe » de Jurassic Park premier du nom.
Plus de deux décennies après le drame de Jurassic Park, le parc à dinosaures est enfin ouvert et des milliers de visiteurs le parcourent quotidiennement. Au programme : parcours en gyrosphère sur les plaines des herbivores, talent show de mosausaure, mini zoo de bébés herbivores, volière, … Plus d’informations et réservations sur : www.jurassicworld.com
Mais les visiteurs se lassent très vite et ne sont plus vraiment impressionnés par les tyrannosaures, vélociraptors et autres tricératops. Les investisseurs cherchent donc constamment à rendre le parc plus extraordinaire encore, notamment en modifiant génétiquement des dinosaures ! Une erreur que la nature ne pardonnera pas …
A priori fondamentalement différent du film de 1994, Jurassic World se veut en fait très fidèle à celui-ci. Il assure une véritable continuité et retrace d’ailleurs une histoire « semblable » à Jurassic Park : des enfants en détresse, des dinosaures qui s’échappent, la nature qui reprend ses droits, etc.
Des différences notables se font cependant au niveau de quelques éléments qui semblent tout d’abord réellement tirés par les cheveux : un dinosaure génétiquement modifié et le dressage de raptors. Heureusement, le réalisateur et le scénariste ont l’intelligence d’amener les choses avec beaucoup d’autodérision et de nuance, ancrant finalement ces éléments dans notre imaginaire. Après tout, nous croyons bien à la possibilité de créer des dinosaures à partir de sang sucé par des moustiques et piégés dans de l’ambre il y a 65 millions d’années.
Jurassic World n’est donc pas sans rappeler les parcs actuels – avec une technologie légèrement en avance sur notre époque et les dérives qui peuvent découler de ces parcs à thème ultra-populaires. Un parc idéalisé qui donne sérieusement envie d’y aller … en tout cas jusqu’à ce que les visiteurs se fassent happer et dévorer par des ptéranodons ! Mais bon, on ne peut pas dire que les risques étaient inconnus.
Ce dernier opus est un véritable clin d’œil géant à ce qui a fait le succès de la saga. Les références au premier parc sont omniprésentes, des lunettes infrarouges de « Tim », aux vélociraptors en passant par les jeeps et les fusées rouges pour attirer le T-Rex. Même les personnages, bien qu’ils soient tout à fait nouveaux, regorgent de caractéristiques des personnages cultes de la série, de John Hammond à Alan Grant en passant par Dodgson et « Lex ».
Par ailleurs, le nouveau duo formé par les personnages de Bryce Dallas Howard et Chris Pratt allie humour, romance et aventure avec une alchimie sans précédent dans la saga.
Si Jurassic World est bien entendu un pur divertissement au sens « blockbusterien » du terme et ne prétend pas être un film « à message », il met tout de même en garde sur l’avidité et le désir de faire des bénéfices à tout prix de l’être humain. Tout comme Jurassic Park l’annonçait déjà : « dépenser sans compter » n’est pas toujours la solution.
Au rayon des petites déceptions, nous citerons tout de même une bande originale finalement très peu renouvelée – même si le thème de John Williams marche toujours du tonnerre ! –, un personnage d’Omar Sy réellement superflu ainsi qu’un format 3D à nouveau inutile.
Fait par un fan et pour des fans de la saga, Jurassic World supplante sans nul doute les défauts de Jurassic Park 3 et les faiblesses du Monde Perdu en se ré-attaquant à tous les éléments cultes qui ont marqué l’imaginaire collectif de plusieurs générations. S’il n’incarne pas le film parfait, la nostalgie prend largement le dessus et offre le film qui était tant attendu par des millions de cinéphiles depuis de nombreuses années.