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    Le joueur d’échecs, de David Sala


    Scénario & dessin : David Sala, d’après l’œuvre de Stefan Zweig
    Éditions : Casterman
    Sortie : 4 octobre 2017
    Genre : Roman graphique

    Est-il encore besoin de présenter Stefan Zweig ? Cet écrivain, biographe et journaliste Autrichien serait l’un des auteurs germanophones les plus lus à l’étranger. Pacifiste accompli autant qu’humaniste, il a notamment fui son pays suite à la montée du nazisme, avant de se donner la mort en 1942. Il laisse derrière lui une œuvre imposante qui fait la part belle aux récits courts. Ils lui auront permis de développer un style souvent dramatique, empli d’empathie pour ses personnages.

    Le joueur d’échecs, sa dernière nouvelle et l’une des plus illustre, est publié pour la première fois en 1943, à titre posthume. Ce drame s’articule autour de la rencontre entre Czentovic, un champion d’échec et M. B., un mystérieux challenger qui a acquis ses facultés dans des conditions terribles liées au nazisme. Que les non initiés au jeu se rassurent, l’auteur s’en sert avant tout comme d’un prétexte et utilise principalement son aspect psychologique. Cela se retrouve dans l’adaptation qu’en tire aujourd’hui David Sala, sous la forme d’une bande dessinée à l’approche autant fidèle et personnelle.

    L’album est en effet fidèle, en cela qu’il garde l’essence même de l’œuvre de Zweig et son double niveau de lecture, la confrontation entre les deux joueurs d’échecs pouvant notamment être perçue comme un commentaire désespéré sur le nazisme. Il se fait également personnel, car il évite autant que faire se peut de citer le texte originel. De son propre aveu, l’auteur a du mal à se percevoir réellement comme un scénariste (cf l’interview qu’il nous a accordé ici), et a donc décidé d’exploiter au maximum son « arme » principale, à savoir le dessin, préférant la plupart du temps composer sa narration par l’image. Un choix pas forcément évident lorsque l’on pense à une telle adaptation, mais qui s’avère ici on ne peut plus payant.

    Cela permet au Joueur d’échecs d’adopter une approche plus sensorielle, aidée par le choix d’une technique à l’aquarelle toute en subtilité qui permet de retrouver la sombre intensité du récit d’origine. Le traitement graphique entre également en résonance avec le récit. Les figures géométriques deviennent ainsi des motifs récurrents et vont jusqu’à marquer la composition de certaines pages. Elles peuvent à la fois figurer la psyché de M.B. et rappeler son calvaire. On pourrait alors reprocher à David Sala d’en faire parfois un peu trop, mais ce serait faire la fine bouche face à ce qui se présente aujourd’hui comme son meilleur album, soit une lecture plus que recommandable !

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