John Wick
de David Leitch et Chad Stahelski
Action, Thriller
Avec Keanu Reeves, Michael Nyqvist, Alfie Allen, Adrianne Palicki, Bridget Moynahan
Sorti le 26 novembre 2014
À la mort de sa femme, l’ancien tueur à gages John Wick ne trouve de réconfort que dans sa Ford Mustang de 1969 et Daisy, une chienne, ultime cadeau de la défunte. Lorsque sa route croise celle Iosef, un malfrat russe, ce dernier veut lui racheter sa voiture à n’importe quel prix. John refuse, mais la nuit suivante, des individus s’introduisent chez lui, volent le véhicule et tuent la chienne. John apprend rapidement l’identité de ce Iosef : il n’est autre que le fils de Viggo Tarasof, son ancien patron. That’s it, John Wick est de retour, il est vénère et veut sa vengeance, car tout a un prix.
Le film de David Leitch et Chad Stahelski, plus connus comme cascadeurs, flirte délibérément avec l’exagération, voire avec l’œuvre de série B. Si le mélo de la situation initiale est déjà bien convenu, le coup de grâce vient de la petite beagle Daisy, une crapuleuse manipulation du casting destinée à ramollir le cœur des plus badass d’entre nous. Le procédé est « astucieux » : quand les méchants tuent l’animal, notre sang ne fait qu’un tour et nous voilà nous aussi criant justice.
Le retour de John dans le circuit mafieux est magnifique : son nom se murmure, se propage comme une traînée de poudre et enfle jusqu’à nous donner l’ampleur de sa légende. Comme l’explique Viggo à Iosef, John Wick n’est pas un simple tueur à gages. Ce Mac Gyver du crime a un jour tué trois hommes dans un bar… avec un crayon (« with a fucking pencil ! ») ! Autant dire qu’il est prêt à tout quand il laisse le plumier de côté et qu’il ressort les guns. Cela, Viggo Tarasof l’a bien compris et il décide de mettre la tête de John à prix.
Pourtant habitué à la bagarre, Keanu Reeves (Matrix, Speed) a suivi un entraînement de quatre mois pour pouvoir devenir John Wick. Il incarne ce dernier avec le stoïcisme – la mono-expression – de l’homme qui a tout perdu, sauf son désir de vengeance, ce plat si goûtu. Dans le rôle de Iosef, la petite frappe sans suite dans les idées par qui tout arrive, on retrouve Alfie Allen, le frère de Lily, plus connu sous les traits de Theon Greyjoy qui n’en finit plus de se faire torturer dans Game of Thrones. Pour le rôle de Viggo Tarasof, les réalisateurs souhaitaient éviter le cliché du gangster russe et ont donc choisi après un long casting l’acteur suédois Michael Nyqvist (Millénium). Ce dernier mélange le sérieux et l’excentricité dans ce rôle de mafieux embourgeoisé et consterné par la médiocrité de sa descendance.
Entre les nombreuses scènes de fusillades sur des riffs de guitare et des beats électro, certains moments cocasses décélèrent le rythme soutenu du film : la visite de courtoisie de la police chez Wick, le service de nettoyage des tueurs, etc. Le summum est évidemment le séjour de Wick au Continental. Armé de son plus beau costard trois pièces, il part chercher Iosef dans cet hôtel de luxe où les criminels règlent leurs affaires comme les personnes civilisés qu’ils sont, selon un règlement d’ordre intérieur très strict. Ce microcosme policé fonctionne à coups de small talks, avec une réception serviable, disponible 24h/24, et même une monnaie alternative, des pièces d’or, un détail qui ne manque pas connoter les jeux vidéo.
Parfait John Wick ? Aux trois quarts du film, alors que l’affaire semblait avoir été rondement menée, ça dérape. On a cette désagréable impression que quelqu’un a tiré la floche. Alors que l’on avait presque le pied dehors, le manège se remet en route, et John Wick revient se revenger. Heureusement, la fin est assez décomplexée pour nous laisser sur une bonne note.
Malgré des longueurs, ce film produit par Eva Longoria (eh oui…) est jouissif : tout le monde veut la peau de John Wick, et John Wick fait la peau à tout le monde.