Pourriez-vous vous présenter en quelques mots à nos lecteurs ?
Nono Battesti : Je suis danseur et chorégraphe, je viens d’Haïti et je suis le créateur, le chorégraphe et le danseur du spectacle Double. Je suis aussi le directeur artistique de la Compagnie des Sources.
Dyna B : Je m’appelle Géraldine Battesti, on m’appelle aussi Dyna B parce que je suis chanteuse. Je suis la petite sœur de Nono et je chante et danse dans le spectacle.
Quelle est l’histoire de Double ?
NB : Nous, on connaît très bien l’histoire qu’on raconte : il s’agit d’une histoire d’amour, une recherche d’équilibres entre différentes personnalités d’une même personne entre le destin, l’instinct, la part féminine. Ce qui nous intéresse, nous, c’est l’histoire que les gens se racontent.
DB : Je suis d’accord. Ce qui est intéressant c’est que chacun peut se créer sa propre histoire et sortir du spectacle en ayant en tête une histoire tout à fait différente des uns et des autres et qui n’a peut-être rien à voir avec l’histoire de base.
De quoi est partie l’idée de cette création ? D’une expérience personnelle ?
NB : Quand je crée les spectacles, je me base toujours sur mon vécu. Le premier spectacle, Sources, c’était une autobiographie qui racontait notre adoption, notre passage d’Haïti à la Belgique : on dit souvent que ce sont les parents qui adoptent les enfants mais on oublie souvent de mentionner que les enfants adoptent des parents. C’était l’état d’esprit dans lequel j’étais. Actuellement, je suis dans un état que, je pense, toute personne de vingt-trente ans connaît : un état de recherche d’équilibre, un questionnement sur quoi faire ?, qui suis-je ? est-ce moi qui décide de ce que je fais ? On parle du destin mais, si tout est écrit, est-ce vraiment moi – mon instinct – qui décide ? Ce sont des questions que je me suis posées pendant mes longues nuits d’insomnie et, comme je ne trouvais pas réellement de réponses à ces questions, j’ai décidé de questionner les gens en les mettant en scène et en exposant ces personnages. En les faisant danser, j’utilise mon langage à moi. J’ai plus ou moins trouvé ma réponse mais, ce qui m’intéresse, c’est la réponse des gens.
Dans le spectacle, vous utilisez le clapping, était-ce un challenge pour vous Dyna B d’utiliser votre corps comme un instrument à part entière?
DB : J’ai commencé par la danse et j’ai eu une très belle expérience : j’ai été prise dans une compagnie israélienne qui s’appelle Mayumana et dans laquelle on mélange le chant, la danse et le body drumming donc le clapping et la musique. C’est là que j’ai vraiment appris à taper sur mon corps (rires). C’est chouette que Nono ait décidé d’ajouter cela au spectacle parce que ça amène beaucoup et c’est complètement différent de ce que l’on voit d’habitude.
Qui sont les autres artistes sur scène ?
NB : Quentin Halloy est le musicien multi-instrumentiste du spectacle : à la base, il est batteur, il sait jouer du piano, de la guitare, de la basse, il sait chanter. Il sait tout faire (rires) et il a la particularité que beaucoup de musiciens n’ont pas d’avoir une coordination assez extraordinaire : il peut jouer la percussion au pied tout en jouant de la guitare et en chantant. C’est un musicien très complet et c’est une perle pour le spectacle car, à lui tout seul, il crée toute la bande son. Il y a aussi Juliette Colmant qui est danseuse contemporaine à la base et qui est allée se former dans un kibboutz en Israël. Elle s’est également perfectionnée à Berlin et c’est une danseuse impressionnante car elle dégage beaucoup d’émotion. Elle est très subtile dans sa danse et elle a la grande particularité d’avoir pu s’adapter à ma propre gestuelle, une gestuelle métissée, vu que je viens du hip-hop à l’origine et que je suis aussi danseur contemporain. On s’est lancé le défi de mélanger toutes nos disciplines. J’ai voulu que tout le monde touche un peu à l’univers de tout le monde parce que ça crée quelque chose de magique sur scène.
Quels sont vos projets en cours ?
DB : J’ai décidé de monter un concert gospel qui sera joué le 24 décembre à l’église de Thorembais-les-Béguines et les 26 et 27 décembre au Centre culturel d’Auderghem. A cette occasion, j’ai sorti un EP de sept titres qui reprend des chansons du concert et un petit bonus. Pour financer cet album, on a créé un Kiss Kiss Bank Bank – projet à financement participatif – qui permet aux gens qui apprécient mon travail de faire un don.
NB : De mon côté, la compagnie Sources vient de sortir un nouveau spectacle qui s’appelle Hyper Media pour lequel je ne suis pas chorégraphe. J’ai invité une chorégraphe française, Julie Magneville, à venir avec sa compagnie et c’est elle qui a choisi ses danseurs dont je fais partie. On coproduit donc le spectacle avec la Compagnie des Sources. Je suis aussi chorégraphe et co-directeur artistique de la comédie musicale Maïre, l’enfant des étoiles qui a lieu, début novembre, à Rixensart et j’ai la chance de pouvoir participer, en tant que danseur soliste, au défilé du styliste et couturier Bernard Depoorter qui m’a invité. Et il y a aussi le Battle de Rixansart que j’organise maintenant depuis dix ans et qui arrive, cette année, le 30 novembre.
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