Baden Baden
de Rachel Lang
Comédie dramatique
Avec Salomé Richard, Claude Gensac, Swann Arlaud, Olivier Chantreau, Lazare Gousseau
Sorti le 11 mai 2016
Diplômée de l’IAD, Rachel Lang poursuit avec ce premier long métrage un travail qu’elle avait entamé avec ses deux précédents courts : Pour toi je ferai bataille et Les navets blancs empêchent de dormir. De film en film, la jeune cinéaste suit le parcours d’Ana, dans son passage de l’adolescence à l’âge adulte, et suit par la même occasion l’épanouissement artistique d’une jeune actrice, Salomé Richard, comme François Truffaut avait pu le faire avec Jean-Pierre Léaud dans le cycle Antoine Doisnel.
Baden Baden retrouve Ana alors qu’elle retourne à Strasbourg, sa ville natale, après une expérience désagréable sur un tournage à l’étranger. Le temps d’un été, elle s’occupe de sa grand-mère pour qui elle se met en tête de rénover sa salle de bain, a une aventure avec son meilleur ami et retrouve un ex qui lui a fait vivre un chagrin d’amour.
Avec ses déambulations citadines et ses atermoiements de jeunes qui se cherchent, Baden Baden se rangerait bien dans la lignée de certaines comédies parisiennes. Mais les ancrages géographiques multiples du film et de Rachel Lang – Strasbourgeoise venue étudier en Belgique – ainsi que la démarche largement autobiographique de cette cinéaste donne à l’ensemble une spécificité étrange qui le rend plus difficile à classer qu’il n’y paraît.
Il y a plusieurs versants au film : un versant de comédie de marivaudages, une dimension plus absurde et burlesque avec la construction de la nouvelle salle de bain et le personnage de Grégoire – amoureux transi mais maladroit qui aide Ana à installer une baignoire sans jamais vraiment avouer ses sentiments –, et enfin une partie plus sensible constituée des scènes avec la grand-mère. Le choix de Claude Gensac – anciennement femme fictionnelle attitrée de Louis De Funès – donne au film une image plus consensuelle de film d’auteur français familial déjà beaucoup vu. Le rôle est d’ailleurs pratiquement le même que dans Elle s’en va d’Emmanuelle Bercot, ou Gensac était la mère de Catherine Deneuve.
On voyage dans Baden Baden au gré des tergiversations du personnage principal et de la fluctuation de ses sentiments, entre légèreté et gravité sous-jacente. De la même manière, on est parfois balloté et indécis quant aux impressions que l’on éprouve sur le film, passant allègrement de l’engouement à la circonspection. Mais il y a indéniablement de la vie dans ce film qui met l’humain au centre tout en n’oubliant pas le cinéma, de par ses influences diverses et sa manière d’aborder les scènes et les situations selon des méthodes différentes et par le prisme de genres opposés mais qui cohabitent néanmoins de manière assez harmonieuse.