Astérix, Le Domaine des Dieux
de Louis Clichy et Alexandre Astier
Animation
Sorti le 26 novembre 2014
Très attendu par les petits comme les grands, ce nouveau film d’animation Astérix sort enfin sous nos cieux, qui, avec un peu de chance, ne nous tomberont pas sur la tête. Astérix : le Domaine des Dieux a été co-réalisé par Alexandre Astier, le créateur de la série à succès Kaamelott, et Louis Clichy, un animateur français qui avait auparavant travaillé pour Pixar. Les attentes sont très hautes, grâce à la bonne réputation d’Astier et à cause de la mauvaise réception des dernières adaptations à l’écran du petit gaulois.
En effet, en nous basant uniquement sur les adaptations animées (ce qui nous permet d’éviter de parler d’Astérix aux Jeux Olympiques et d’Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté pour notre plus grand bien), le dernier film Astérix et les Vikings, sorti en 2006, n’a pas été encensé par le public malgré son haut budget et son animation de qualité. Certains éléments du scénario sont en effet discutables. Il était pourtant déjà mieux que son prédécesseur, Astérix et les Indiens, ce qui est triste car les 6 films d’animation qui les précédaient, de 1967 à 1989, étaient des petits bijoux qui ont bercé l’enfance de plusieurs générations.
Ce qui bloque souvent la production d’adaptations en dessins animés, c’est que ça demande beaucoup de temps et énormément d’argent. Or, Astérix : le Domaine des Dieux commence avec un budget de 30 millions d’euros, ce qui est tout simplement pharaonique pour un film européen. Il semblerait donc que toutes les portes s’ouvrent pour en faire un chef d’œuvre, mais qu’en est-il en réalité ?
La première chose que l’on remarque est que l’animation classique a laissé sa place aux images de synthèse. C’est courant pour notre époque et les plus jeunes sont habitués à ce style. Mais les vieux de la vieille risquent d’être déçus par ce choix artistique qui sépare catégoriquement ce film de ses prédécesseurs. C’est au final une question de goût et en tant que film en images de synthèse, il est bien fait. Les personnages sont expressifs et les mouvements dynamiques. Les textures peuvent sembler un peu lisses par moment, mais sans le budget d’un Disney ce n’est pas étonnant.
Le scénario, quand à lui, est suffisamment fidèle à la bande dessinée Le Domaine des Dieux tout en partant dans des directions nouvelles pour adapter l’histoire à son nouveau format. Le caractère des personnages est tout à fait respecté et même si certains éléments peuvent sembler futiles, comme la présence presque envahissante de l’enfant romain, rien ne risque de vraiment choquer les fans les plus fidèles d’Astérix. Le choix d’adapter cette histoire-ci n’est certainement pas un hasard, car c’est un scénario qui parle intelligemment de l’urbanisation et de la société de consommation, qui sont des sujets d’actualité.
Mais plus important que tout le reste, l’humour est-il bien présent ?
Oui. Les dialogues sont drôles et le format animé permet un « timing comique » qui correspond parfaitement aux traits d’humour de la bande dessinée. C’est une chose qui manquait clairement aux adaptations « live action » du petit gaulois et il semblerait qu’Alexandre Astier, fort de son expérience, maîtrise très bien ce timing. De nombreuses blagues ont été changées pour s’adapter au monde actuel, mais c’est bien normal. On peut tout de même regretter l’absence de la réplique culte de cet album : « Il ne faut jamais parler sèchement à un numide », mais c’est un faible pêché, car on rit bel et bien devant cet Astérix : le Domaine des Dieux.
Comme on pouvait s’y attendre, les doublages sont excellents. Roger Carel reste la voix emblématique d’Astérix et il est toujours agréable de l’entendre. On pourrait émettre plus de doutes sur la voix d’Obélix, doublé par Guillaume Briat, mais c’est plus dû à la tristesse de ne plus entendre la voix de Pierre Tornade qu’au travail du nouvel acteur de doublage.
Au final c’est une bonne adaptation. Astérix : le Domaine des Dieux n’est peut-être pas culte, mais les points les plus importants sont respectés. On peut espérer tout de même revoir un jour un Astérix en animation classique, mais en attendant nous sommes content de voir qu’il y a encore des artistes français qui comprennent si bien l’oeuvre d’Uderzo et Goscinny.