Tome 1 : Le Collier d’harmonie
scénario : Richard Marazano
dessin : Christophe Ferreira
éditions : Dargaud
sortie : 11 avril 2014
Dans la mythologie qui nous intéresse, c’est-à-dire grecque, l’alcyon est un oiseau de mer fabuleux (identifié au martin-pêcheur), qui se caractérise par son chant plaintif.
Alcyoné, fille d’Eole, a épousé Céyx, fils de l’Astre du matin. Ils forment un couple si parfait qu’ils se comparent aisément eux-mêmes à Zeus et Héra. Tout le monde connaît la susceptibilité des dieux. Pour se venger, Zeus et Héra transforment les tourtereaux en oiseaux obligés de construire leurs nids au bord de mer qui seront sans cesse détruits par les vagues. Par pitié, Zeus calme la mer deux fois, sept jours par an. Une fois avant le solstice d’hiver et une fois après. Lors de cette accalmie, l’alcyon peut couver ses œufs en paix et sans cris plaintifs. Hélas, ce n’est qu’une paix brève. C’est comme ça que l’alcyon est devenu le symbole de la paix, mais une paix brève dont il faut profiter sans tarder.
Ce petit point culture n’est pas anodin. L’histoire d’Alcyon se déroule dans la Grèce antique et commence par un mariage entre Cadmos, roi fondateur de Thèbes et Harmonie, nièce du dieu du feu, des volcans et des forges. Comme cadeau de mariage, l’oncle d’Harmonie lui forge une parure « telle que ni le soleil, ni la mort ne pourront la dévisager sans se courber ». Dans toute bonne histoire mythologique, il faut bien une pointe d’esprit de vengeance et de malédiction. Ici, ce sont les titans, un peu amers, qui décident de maudire le collier. Dans un climat de guerres, de conflits et de complots entre la ville de Corinthe et de Sicyone, alors que dieux, tyrans et titans se disputent, Alcyon et Phoebe décident de partir à la recherche du collier d’Harmonie pour rétablir la paix. On sent la quête initiatique à plein nez, avec le petit plus de la jeunesse des héros. Pour ce premier tome, le récit est bien posé ,avec la fin énigmatique qui sent le roussi bien comme il faut. On doit ce scénario à Richard Marazano.
Le dessinateur, Christophe Ferreira, a choisi la voie du dessin réaliste. Généralement, ce dessin ne me touche pas, mais force est d’avouer qu’ici, le fait que ce réalisme s’ancre dans la Grèce antique lui donne un cachet bien plus intéressant. Ce qu’il y a de plus réussi, ce sont bien les personnages et surtout leurs visages. En ce qui concerne les paysages, ils sont peu présents, étant donné que la plupart des scènes se déroulent soit en lieu clos, soit sont des focus.
Le texte renforce l’ancrage dans la période antique, donnant au lecteur des repères géographiques, mais aussi des renseignements sur la vie à cette époque. C’est un plus qui plaira et aux curieux et aux historiens amateurs ou pas. Cet ancrage dans l’histoire est important pour accrocher le lecteur. La mythologie grecque existe, même de manière très diffuse, dans l’inconscient populaire ; le lecteur s’attend donc à trouver un certain esprit. Un mélange de réalisme, mais aussi de mythe, avec tout ce que cela comporte de créatures légendaires et d’actes héroïques.
Ce premier tome donne envie de poursuivre l’aventure avec Alcyon et Phoebe.