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    7, Rue de la Folie : fatwa artistique à la bêtise humaine

    7 rue de la folie poster

    7, Rue de la Folie

    de Jawad Rhalib

    Comédie dramatique

    Avec Dorothée Capelluto, Ouidad Elma, Sofia Manousha

    Sorti le 14 octobre 2015

    Samia, Selma et Sara sont trois soeurs perdues au milieu de la campagne belge. Dans leur ferme de Frasnes-Lez-Anvaing, elles vivent en quasi autarcie. Un sentiment qu’elles répugnent, du moins tout autant que le mystérieux corps qu’elles dissimulent. Qui sont ces trois marocaines aux moeurs étranges, aux idées douteuses et aux desseins abscons ?

    Poser cette question est aussi insensé que d’y donner une réponse. De fait, Jawad Rhalib a travaillé sans filets pour cette réalisation qui se situe, dès les premières images, aux frontières de l’imaginaire. Pourtant, tout semble réel, des protagonistes aux décors en passant par les dialogues. Mais en alternant les styles, en jouant avec les genres et en maniant sa caméra habilement, Jawad Rhalib nous plonge dans un conte éveillé où, malicieusement retranché derrière un moucharabieh, il dénonce les dérives et les incohérences d’une certaine religion au sein d’une certaine société.

    Ce long métrage serait dès lors pamphlétaire ? Nous ne le pensons pas. Mais les moqueries et la dérision qui se cachent derrière le scénario servent avant tout de symboles libertaires. L’occasion de démontrer par l’art une émancipation certaine. En cela,  7, rue de la Folie est une réussite totale.

    Pour autant, Jawad Rhalib n’en oublie pas l’esthétisme de son cinéma. Les couleurs sont quelques fois chaudes, quelques fois ternes, mais la photographie est toujours impeccable. Cet aspect visuel est important puisqu’on comprend par là toute l’envie du réalisateur d’en découdre avec une conception linéaire, sans pour cela maltraiter les codes du genre.

    Justement, parlons du genre. Quel est-il finalement ? Un policier ? Un thriller ? Un drame ? Une comédie ? De l’expérimental ? Tout et rien à la fois. Telles certaines métaphores utilisées dans le récit de Jawad Rhalib, nous pourrions emprunter pour qualifier ce film celle de l’épée damasquinée : un produit brut, violent, sans âme mais incrusté ci et là de somptueuses sinuosités artistiques lui donnant un caractère unique et une certaine beauté.

    En résumé, Jawad Rhalib frappe dur et fort dans un récit volontairement décousu. Un premier film à voir, même si nous aurions aimé que l’approche soit plus aisée pour parler à un large public. Car le message est important.

    Matthieu Matthys
    Matthieu Matthys
    Directeur de publication - responsable cinéma du Suricate Magazine.

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